silence…

Il y a quelques années, je ne connaissais pas le silence, j’en avais même peur. J’en avais peur dans les conflits, dans les relations avec autrui et aussi avec moi-même.

Un constat évident : mon cerveau était submergé, embrumé par les tonnes d’informations reçues : sons, images, données. Or le cerveau n’est pas fait pour cela : il date d’une époque où il y avait des feux de camp sous un ciel étoilé et du calme !

Rendez-vous compte : au cours d’une situation de travail “normale”, notre cerveau est en effet « frappé » en moyenne par 11 millions de bit d’informations par seconde, alors que seulement 120 bits d’information peuvent être consciemment traitées en même temps : 100 000 fois plus qu’il ne peut traiter ! D’ailleurs, cette surcharge d’informations peut conduire à une perte de productivité de quelques minutes à plusieurs heures par jour.

J’étais donc stressée, nerveuse, déconcentrée, fatiguée.

pourquoi ?

« Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien » écrit Saint François de Sales.

Le bruit a un impact négatif sur notre cerveau. Il active l’amygdale, qui se met en route quand nous ressentons de la peur et d’autres émotions négatives. Des cascades d’hormones sont déclenchées. D’un seul coup, la circulation sanguine de notre organisme se trouve inondée de cortisol, l’hormone du stress. Notre tension artérielle augmente et notre santé est affectée ! Une exposition prolongée au bruit peut en effet entraîner une altération du système immunitaire ou des symptômes dépressifs. Selon une étude de 2018, l’exposition au bruit augmente de 2 à 3 fois le risque de mauvaise santé mentale.

Et chose étonnante, notre corps, notre cerveau, nous ne nous habituons jamais au bruit, y compris pendant la nuit : nous dormons mais les bruits parviennent néanmoins à notre oreille et sont transmis au cerveau le privant de repos. Or lorsque notre cerveau est en forte activité, il produit des toxines qui doivent être éliminées et ce sont les phases de silence et de sommeil qui permettent de les éliminer.

Imaginez, le Dr Craig Zimring, psychologue de l’environnement, a également constaté ces effets en 2004 dans la salle d’accouchement d’une maternité : plus il y a de bruit, plus les bébés sont stressés et malades et moins ils dorment bien.

Des recherches ont démontré que les stimuli qui sollicitent de manière interrompu notre cerveau et en particulier le cortex préfrontal diminuent grandement notre capacité d’attention, notre aptitude à traiter des informations complexes, c’est-à-dire prendre des décisions et résoudre des problèmes. Le cerveau ainsi fatigué se démotive et se laisse facilement distraire : selon certaines études, les enfants dont le domicile ou la salle de classe se trouve à proximité d’autoroutes, d’aéroports lisent moins bien et leurs connaissances se développent plus lentement.

Et n’oubliez pas, notre cerveau, tel un muscle, consomme plus de 20% de nos apports en énergie par jour, soit plus que n’importe quel autre organe du corps : plus vous le solliciter plus la fatigue apparaît ?

alors que faire ?

J’ai alors décidé de réinstaurer le silence dans mon quotidien !

comment ?

Dans mes relations avec « moi » 

J’ai introduit deux minutes de silence tous les jours.

Ces deux minutes de silence suffiraient à ralentir le rythme de nos battements de cœur et aiderait aussi à prévenir la formation de plaques dans les artères (Selon une étude de 2006, c’est plus efficace que toutes les musiques relaxantes du monde.)

J’ai choisi des moments où j’étais seule, j’ai coupé la musique, le téléphone, j’ai fermé les fenêtres. J’ai même investi dans un casque anti-bruit ! Et là, j’ai senti un regain de forme autant physique que mental m’envahir !

Les pèlerins du chemin de Compostelle ont l’habitude de dire : « dans le silence du chemin, on n’entend plus que l’essentiel ».

Et dans le silence, notre cerveau est moins sollicité : il consomme ainsi moins de glucose et produit moins de toxines. Le silence est donc fondamental pour le bon fonctionnement cérébral. Il favorise la créativité, la concentration et la construction de soi.

Le silence permet ainsi une réflexion plus créative et de meilleure qualité : dans le cerveau, il existe un groupe de régions qui deviennent actives parce qu’il n’y a pas de tâche spécifique à résoudre. Dans ce mode, nous accédons mieux à nos émotions, à nos souvenirs, à nos idées et à nos pensées. Réfléchir devient alors plus simple et nous sommes aussi plus créatifs !
Une étude de 2013 a montré que le cerveau grandit grâce au silence ! Les chercheurs ont découvert que deux heures de silence par jour permettaient à de nouvelles cellules de croître dans l’hippocampe des souris (région du cerveau liée à l’apprentissage, à la mémoire et aux émotions).

Outre le silence, il est important d’offrir une courte pose au cerveau : une promenade au parc, descendre cinq minutes à la cave et y regarder un mur, peu importe. En effet et c’est une bonne nouvelle, selon la théorie de la restauration de l’attention, nos ressources cognitives se rétablissent lorsque nous entrons dans un environnement qui nous confronte à moins de stimuli que d’habitude.

Dans mes relations aux autres

J’ai compris que le silence pouvait être très efficace…et que l’important était de ne pas être victime du silence mais d’en devenir le maître !

En effet, le silence a parfois un pouvoir plus grand que toute parole dans notre société où nous avons tendance à parler vite, beaucoup voire trop.

Cette tendance peut vous desservir. En particulier dans une situation de conflit car vous montrez alors que la situation vous affecte et l’autre n’a pas la place pour réfléchir ou même se remettre en question. Il est donc judicieux de garder le silence un temps afin de s’isoler intérieurement, de prendre du recul et de permettre à l’autre de faire de même. Et durant ce court temps d’introspection, vos expressions, vos émotions, votre ressenti ne doivent pas transparaitre, vous devez paraître comme impassible.

Il est intéressant de comprendre que la personne qui garde le silence est celle qui maîtrise et celle qui le suit le subit. En effet, la parole vous expose : vous livrez à l’autre vos fonctionnements et parfois quand le ton monte vous pouvez aller jusqu’à exprimer votre sensibilité et les faits passent au second plan. La personne en face peut ainsi comprendre comment vous fonctionnez.

En effet, le silence crée la projection chez la personne qui le subit. Sans les mots, elle va imaginer : que vous êtes fâché, vexé, blessé, que vous la jugez ou pire la trouvez en dessous de tout. On imagine toujours pire que la réalité et cette projection contient nos peurs et nos croyances.

Cela vous donnera ainsi des indices sur son interprétation de la réalité, sa carte du monde et vous permettra de mieux vous positionner par la suite.

Dans le cadre d’une négociation, le silence permet de faire douter l’autre, il « brouille les pistes » : qu’êtes vous en train de penser ? Votre interlocuteur perd ainsi la main sur la situation.

Prenons un exemple concret : votre manager vous adresse des reproches sur votre travail. Vous avez 3 réactions possibles :

  • vous voulez immédiatement lui prouver le contraire et vous entrez dans la justification -vous vous mettez de fait dans une position d’infériorité,
  • vous répondez avec colère et cela peut indiquer que vous ne contrôlez pas vos émotions – là encore, vous vous vous mettez de fait dans une position d’infériorité,
  • soit, dernière solution, vous respectez un temps de silence. Dans ce dernier cas de figure, le doute s’installe chez votre supérieur et vous avez ainsi le temps de réfléchir à votre réponse.

Le silence est donc un outil, un positionnement intérieur, et une force.

Comme le déclare Christophe André « L’essentiel ne fait pas de bruit ».

Alors chut maintenant !

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